Dictionnaire anthologique de la poésie française, comme vous me semblez très impressionné, je vous en livre un texte d'Antoine De Baïf:
ÉPITAPHE
Pauvres corps où logeaient ces esprits turbulents,
Naguère la terreur des Princes de la terre,
Même contre le ciel osant faire la guerre,
Déloyaux, obstinés, pervers et violents,
Aujourd'hui le repas des animaux volants
Et rampants charogniers, et de ces vers qu'enserre
La puante voirie, et du peuple qui erre
Sous les fleuves profonds en la mer se coulant :
Pauvres corps, reposez, qui vos malheureux os,
Nerfs et veines et chairs, sont digne de repos,
Qui ne purent souffrir le repos en la France.
Esprits aux carrefours toutes les nuits criez :
Ô mortels avertis et voyez et croyez
Que le forfait retarde et ne fuit la vengeance.
Et hop une autre de Agrippa D'Aubigné:
LES LYS ME SEMBLENT NOIRS ...
Les lys me semblent noirs, le miel aigre à outrance,
Les roses sentir mal, les œillets sans couleur,
Les myrtes, les lauriers ont perdu leur verdeur,
Le dormir m'est fâcheux et long en votre absence.
Mais les lys fussent blancs, et le miel doux, et je pense
Que la rose et l'œillet ne fussent sans honneur,
Les myrtes, les lauriers fussent verts du labeur,
J'eusse aimé le dormir avec votre présence,
Que si loin de vos yeux, à regret m'absentant,
Le corps enduroit seul, étant l'esprit content :
Laissons le lys, le miel,roses, œillets déplaire,
Les myrtes, les lauriers dès le printemps flétrir,
Me nuire le repos, me nuire de dormir,
Et que tout, hormis vous, me puisse être contraire.
Qui a dit que je n'aimais pas la poésie? (bon moi c'est vrai)